14 octobre 2009

Deux soldats français menacés de perdre leur nationalité !

Scandaleux et pitoyable. Amara et Ounoussou sont nés d’un père d’origine sénégalaise, Daouda Guissé, qui avait choisi la nationalité française lors de l’indépendance du pays, comme la loi le permettait. Il travaillait au Havre, et les enfants vivaient avec la mère au Sénégal. En 1962, Daouda Guissé avait obtenu, pour lui et sa famille, la nationalité française.

Approchant la majorité, les deux enfants sont venus sur le sol français pour accomplir leur service national. Ensuite, ils ont repris du service. Amara Guissé, le frère aîné, aujourd’hui âgé 31 ans, relevait du 12e régiment d'artillerie d'Oberhoffen (Bas-Rhin). Ounoussou Guissé est lui encore à l’effectif du 1er régiment de hussards parachutistes de Tarbes (Hautes-Pyrénées). De nombreuses campagnes à leur actif, de la Bosnie à l'Afghanistan, en passant par le Tchad. Les médailles témoignent pour ces bons soldats.

Oui, mais voilà. A lire le droit entre les lignes, le ministère de la justice – toujours animé par de nobles causes – s’aperçoit que Daouda Guissé n’aurait pas du obtenir la nationalité. En effet, il vivait et travaillait en France, certes, mais le cœur de la vie familiale était au Sénégal. Fatal error ! Etre français ça se mérite, comme disait l’autre. Et si le père ne pouvait être français, les enfants encore moins. dakar-monument-aux-morts.jpg

Caramba ! Deux intrus se sont glissés dans les effectifs de l’armée... Et oui, nos soldats étaient français par méprise, peut-être par ruse, allez savoir. C’est de la nationalité par effraction. Le parquet ne s'y est pas trompé. Il a engagé des poursuites pour faire retirer la nationalité française de Ounoussou et Amara. Il a bien raison le parquet : force doit rester à la loi.

Devant le tribunal, c’est Ounoussou qui a gagné et le parquet qui a perdu. Une bataille, mais pas la guerre. Le parquet a fait appel. L’audience devant la cour d'appel de Rouen a eu lieu ce 6 octobre, et le délibéré est attendu pour le 18 novembre. Si la cour donne raison au parquet, Ounoussou Guissé quittera son régiment à l’instant.

Amara Guissé, pour sa part, a reçu une même notification du parquet du tribunal de grande instance de Strasbourg, et il attend l’audience pour chercher à conserver sa nationalité.

A l'Assemblée nationale, Jean-Marie Bockel, secrétaire d'Etat à la Justice, a trouvé la parade. Nos soldats doivent gentiment attendre de se voir retirer leur nationalité, et « ils pourront ensuite déposer une demande de naturalisation auprès de l'autorité militaire ». Sacré farceur.

Et Jean-Marie, une question. Comment tu fais pour les médailles ? Ils te les rendent et tu les remets en vente sur eBay ?

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