19 juillet 2006

Journaleux du Figaro

Comme à mon habitudde, je lisais differents journeau sur le Net (ma revue de presse quotidienne) et la je tombe sur un article du figaro, voici le premier paragraphe:

Dans la foule de femmes en tchadors et de barbus aux keffiehs en damier noir et blanc, des portraits de Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, flottent au vent[...]

voici la photo illustrant l'article:

Des dizaines de milliers d'iraniens ont manifesté, comme ici dans les rues de Téhéran, en soutien au Hezbollah.
Zoom +
(AP/V. Salemi).


Comme tout le monde le remarque, on observe bien les femmes en tchador et les barbu au kefieh, graine de terroriste...

Donc pour cette journaliste du figaro, Delphine Minoui, en Iran il n'y a que des barbus et des femmes en Tchador; Forcement leur revendication politique son empreinte d'anti-occidentalisme voir meme de terrorisme. comment peux-t-on critiquer l'occident avec son representant local, Israel, democratie qui se defend du terrorisme en allant bonbarder un pays de metheque. Tout un pays pris en otage, des centaine de victimes, un viol economique, tout cela est democratique puisque c'est l'axe du bien (europe US Israel), mais lorsque l'axe du mal (le reste du monde) demande justice, c'est forcement ideologique et puis qu'est ce qu'ils ont à demander justice, eux qui ne la meritent meme pas!!!!

Les mots ont un sens, et lorsque Delphine Minoui, ecris "barbus et femmes voilées" c'est tout de suite pour accuser, soupconner. La tenneur de l'article est focement , anti Iranien et anti peuple d'Iran. Sur la photo de l'AFP, on vois des jeunes, surmement des etudiants, scandant leur rage de l'injustice, ils ne sont pas barbus, visiblement, meme pas fondamentalistes, mais bon Delphine Minoui comme totu bon journaliste de bureau , francais, forcement ecris en se fondant sur son imaginaire, mais aussi ses prejugés.
Je suis triste pour le journalisme francais...



17 juillet 2006

L’objectif réel de la guerre entre Israël et le Liban, grasseagauche.free.fr

Voici le point de vue d’un pacifiste israélien, Uri Avnery. L’article original (en anglais) se trouve sur le site de l’organisation pacifiste Gush Shalom : http://zope.gush-shalom.org/home/en.... Nous reproduisons ici la traduction publiée par le site EuroPalestine : http://www.europalestine.com/articl....

Uri Avnery 15 juillet 2006

"L’objectif réel

L’OBJECTIF RÉEL est de changer le régime au Liban et d’y installer un gouvernement fantoche.

C’était l’objectif de l’invasion du Liban par Ariel Sharon en 1982. Ce fut un échec. Mais Sharon et ses disciples à la direction militaire et politique n’y ont en fait jamais renoncé.

Comme en 1982, l’opération actuelle a été planifiée et elle est menée en totale coordination avec les Etats-Unis.

Comme alors, il ne fait aucun doute qu’elle est coordonnée avec une partie de l’élite libanaise.

Voilà pour l’essentiel. Tout le reste n’est que bruit et propagande.

A LA VEILLE de l’invasion de 1982, le Secrétaire d’Etat, Alexander Haig, avait dit à Ariel Sharon que pour lancer l’invasion, il faudrait qu’il y ait une provocation claire qui la ferait accepter par l’opinion mondiale.

La provocation a bien eu lieu - exactement au moment voulu -quand le groupe terroriste d’Abou Nidal a essayé d’assassiner l’ambassadeur israélien à Londres. Elle n’avait aucun rapport avec le Liban, et encore moins avec l’OLP (l’ennemi d’Abou Nidal), mais elle a servi de prétexte au projet.

Cette fois-ci, la provocation nécessaire a été fournie par la capture de deux soldats israéliens par le Hezbollah. Tout le monde sait qu’ils ne pourront être libérés que dans le cadre d’un échange de prisonniers. Mais l’énorme campagne militaire qui était prête depuis des mois a été vendue à l’opinion publique israélienne et internationale comme une opération de secours.

(Assez curieusement, exactement la même chose s’était passée deux semaines auparavant dans la bande de Gaza. Le Hamas et ses partenaires avaient capturé un soldat, ce qui a servi d’excuse à une opération massive qui avait été préparée de longue date et dont le but est de détruire le gouvernement palestinien.)

LE BUT AFFICHÉ de l’opération libanaise est de repousser le Hezbollah loin de la frontière, de telle façon qu’il lui soit impossible de capturer d’autres soldats et de lancer des roquettes sur des villes israéliennes. L’invasion de la bande de Gaza a aussi officiellement pour but de mettre Ashkelon et Sderot hors de portée des Qassam.

Ces opérations ressemblent à celle de 1982 « Paix en Galilée ». On a alors dit à l’opinion publique et à la Knesset que le but de la guerre était de « repousser les katyushas à 40 kilomètres de la frontière ».

C’était un mensonge délibéré. Au cours des onze mois précédents, pas une seule fusée katyusha (ni un seul tir) n’avait été lancée par dessus la frontière. Dès le début, le but de l’opération était d’atteindre Beyrouth et d’y installer un Quisling local. Comme je l’ai raconté plus d’une fois, Sharon lui-même me l’a dit neuf mois avant la guerre, et je l’ai dûment publié à l’époque, avec son consentement (mais sans le citer).

Bien sûr, l’opération actuelle a aussi quelques objectifs secondaires, qui n’incluent pas la libération des prisonniers. Tout le monde comprend que celle-ci ne peut pas être obtenue par des moyens militaires. Mais il est probablement possible de détruire quelques uns des milliers de missiles que le Hezbollah a accumulés au cours des années. A cette fin, les chefs de l’armée sont prêts à exposer la vie des habitants des villes israéliennes qui sont à portée des roquettes. Ils croient que cela en vaut la peine comme s’il s’agissait de pions sur un échiquier.

Un autre objectif secondaire est de réhabiliter le « pouvoir dissuasif » de l’armée. Cette expression est un mot de code pour parler de la restauration de l’orgueil blessé de l’armée, qui a reçu un rude coup après les actions militaires audacieuses du Hamas au sud et du Hezbollah au nord.

OFFICIELLEMENT, le gouvernement israélien demande que le gouvernement du Liban désarme le Hezbollah et l’éloigne de la région frontalière.

Cette exigence est totalement irréalisable sous le régime libanais actuel, un tissu délicat de communautés ethnico-religieuses. Le moindre choc peut démolir toute la structure et jeter l’Etat dans une totale anarchie - surtout depuis que les Américains ont réussi à en chasser l’armée syrienne, seul élément qui a, pendant des années, apporté une sorte de stabilité.

L’idée d’installer un Quisling au Liban n’est pas nouvelle. En 1955, David Ben Gourion avait proposé de prendre un « officier chrétien » et de l’installer comme dictateur. Moshe Sharet avait montré que cette idée était basée sur une totale ignorance des affaires libanaises et l’avait torpillée. Mais, 27 ans plus tard, Ariel Sharon a essayé néanmoins de la réaliser. Bashir Gemayel a donc été installé comme Président, pour être assassiné peu après. Son frère, Amin, lui a succédé et a signé un accord de paix avec Israël, mais il a été chassé du pouvoir. (Le même frère soutient aujourd’hui publiquement l’opération israélienne.)

L’idée aujourd’hui est que si les forces aériennes israéliennes envoient assez de bombes sur la population libanaise - paralysant les ports et les aéroports, détruisant l’infrastructure, bombardant des quartiers résidentiels, coupant l’autoroute Beyrouth-Damas, etc. - les gens seront furieux contre le Hezbollah et feront pression sur le gouvernement libanais pour qu’il réponde aux exigences d’Israël. Etant donné que le gouvernement actuel ne peut même pas envisager cela, une dictature sera installée avec le soutien d’Israël.

C’est la logique militaire. J’ai quelques doutes. On peut supposer que la plupart des Libanais réagiront comme tout autre peuple sur terre : avec fureur et haine envers l’envahisseur. C’est ce qui s’est passé en 1982, quand les Chiites dans le sud du Liban, jusqu’alors dociles comme des agneaux, se sont soulevés contre les occupants israéliens et ont créé le Hezbollah qui est devenue la principale force du pays. Si maintenant l’élite libanaise est soupçonnée de collaboration avec Israël, elle sera balayée. (A ce propos, les Qassams et les katyushas ont-elles incité la population israélienne à exercer des pressions sur notre gouvernement pour qu’il abandonne ? Au contraire.)

La politique américaine est pleine de contradictions. Le Président Bush veut un « changement de régime » au Moyen-Orient, mais l’actuel régime libanais n’a été que récemment installé sous la pression américaine. Pendant ce temps, Bush n’a réussi qu’à briser l’Irak et à causer une guerre civile (comme prévu ici). Il peut obtenir la même chose au Liban, s’il n’arrête pas l’armée israélienne à temps. En outre, un coup dévastateur contre le Hezbollah peut soulever la fureur, non seulement en Iran, mais également parmi les Chiites d’Irak, sur le soutien desquels reposent tous les plans de Bush pour un régime pro-américain.

Alors quelle est la réponse ? Ce n’est pas un hasard si le Hezbollah a réalisé son opération d’enlèvement de soldats à un moment où les Palestiniens appellent au secours. La cause palestinienne est populaire dans tout le monde arabe. En montrant qu’il est un ami quand on a besoin de lui, alors que tous les autres Arabes font lamentablement défaut, le Hezbollah espère augmenter sa popularité. Si un accord israélo-palestinien était conclu aujourd’hui, le Hezbollah ne serait plus rien d’autre qu’un phénomène libanais local, sans rapport avec notre situation.

MOINS de trois mois après sa formation, le gouvernement Olmert-Peretz a réussi à plonger Israël dans une guerre sur deux fronts, dont les buts sont irréalistes et dont on ne peut prévoir les résultats.

Si Olmert espère être considéré comme Monsieur Macho-Macho, un Sharon puissance deux, il sera déçu. De même pour les tentatives désespérées de Peretz d’être pris au sérieux comme un Monsieur Sécurité influent. Tout le monde comprend que cette campagne - tant à Gaza qu’au Liban - a été planifiée par l’armée et dictée par l’armée. L’homme qui prend les décisions en Israël aujourd’hui est Dan Halutz. Ce n’est pas un hasard si le boulot au Liban est revenu à l’armée de l’Air.

Les gens ne sont pas enthousiastes sur la guerre. Ils y sont résignés, dans un fatalisme stoïque, parce qu’on leur dit qu’il n’y a pas d’alternative. Et en effet, qui peut dire le contraire ? Qui ne désire pas libérer les « soldats kidnappés » ? Qui ne veut pas éloigner les katyushas et réhabiliter la dissuasion ? Aucun homme politique n’ose critiquer l’opération (excepté les membres arabes de la Knesset, dont l’opinion juive ne fait pas cas). Dans les médias, les généraux règnent en maîtres, et pas seulement ceux en uniforme. Il n’y a presque aucun ancien général qui ne soit pas invité par les médias pour commenter, expliquer et justifier, tous parlant d’une seule voix.

(Par exemple : la chaîne de télévision la plus populaire d’Israël m’avait invité pour une interview sur la guerre, après avoir appris que j’avais participé à une manifestation anti-guerre. J’ai été très surpris. Mais pas pour longtemps : une heure avant l’émission, un organisateur du débat, confus, a appelé et dit qu’il y avait eu une terrible méprise - ils voulaient en fait inviter le professeur Shlomo Avineri, un ancien directeur général du ministère des Affaires étrangères sur lequel on peut compter pour justifier, en langage diplomatique, tout acte du gouvernement, quel qu’il soit,.)

« Inter arma silent musae » - quand les armes parlent, les muses se taisent. Ou, plutôt : quand les canons tonnent, le cerveau cesse de fonctionner.

ET JUSTE une petite réflexion : quand l’Etat d’Israël a été fondé en pleine guerre, une affiche avait été collée sur les murs : « Tout le pays - un front ! Tout le peuple - une armée ! » Cinquante-huit ans ont passé, et le même slogan vaut toujours. Qu’est-ce que cela nous apprend sur des générations d’hommes d’Etat et de généraux ?

Israël vs Hezbollah, Gérard Jugant, BellaCio.ORG

Le présent témoignage a été écrit il y a quelque jours par Rana El-Khatib, dans Beyrouth bombardé. La nuit dernière elle a compté 30 bombes qui firent trembler les murs de sa maison. Les mots ne suffisent pas à décrire l‚horreur vécue présentement par des populations civiles innocentes qui ne sont pas des victimes „collatérales‰ mais les victimes principales des bombardements de l‚armée israélienne. Jusqu‚où ira la barbarie ? Israël vs Hezbollah : le côté ironique de ce titre ne saurait échapper.

de Rana El-Khatib (source : blog peacepalestine 15-07-06)

Israël est déterminé à alimenter les braises de la tension qui règne dans la région. Les Israéliens ont pris pour cibles trois pistes d‚atterrissage de l‚Aéroport International du Liban - par deux fois, la seconde pour rebombarder une des pistes que les Libanais avaient remis en état. Ils ont bombardé plusieurs ponts et plusieurs quartiers d‚habitation chiites, les qualifiant de „bastions du Hezbollah‰. Ils ont bombardé plusieurs points principaux d‚entrée et de sortie du Liban, y inclus la principale artère menant en Syrie. Leurs avions et leurs navires de guerre ont ravagé certains quartiers d‚habitation. Les grondements et les nuages de fumée qui s‚en suivent, qui rappellent les jours sombres de la guerre, portent avec eux la promesse d‚une escalade. Ce sont plus de 50 civils qui ont été tués, sans compter les nombreux blessés, et semble t-il, le pire est à venir.

Il était difficile de prévoir exactement il y a encore quelques jours ce qu‚il adviendrait sur ou autour de la „Ligne Bleue‰ [1]. Ceux qui veulent croire Israël veulent ceci, et ceux qui veulent croire le Hezbollah, veulent cela. Mais le résultat reste le même ˜ des deux pays, c‚est le Liban qui risque fort de souffrir des plus graves conséquences ˜ à la fois par la perte d’innocentes vies humaines et en subissant une charge financière qui ne cessera de croître tant que cette situation durera. Israël a supporté une situation et l‚a rendue bien pire qu‚elle ne devrait être. Pour deux soldats, Israël est en train de frapper le coeur du Liban, le ramenant aux pires moments de sa guerre civile barbare.

Nous savons bien qu‚Israël n‚a pas besoin d‚envoyer le moindre soldat sur le sol libanais pour faire du Liban un enfer sur la terre. Il a suffisamment de puissance de feu, par air et par mer, pour étouffer et en partie ensevelir le Liban sous son poids. Nos centrales électriques et notre aéroport ne sont qu‚un début. Israël peut les détruire et le fera ˜ comme il l‚a fait dans le passé et comme il a fait pour deux de nos principales pistes d‚atterrissage de notre nouvel aéroport construit dans une pathétique tentative de ressusciter notre industrie touristique. Cette fois, ce sont les conteneurs de carburant qui ont été détruits. Même si nous avons de l‚électricité, il est possible que nous n‚ayons plus de carburant pour longtemps.

La situation d‚ensemble soulève la question suivante : l‚action militaire du Hezbollah, la garde de deux soldats israéliens dans l‚espoir d‚un échange avec six combattants libanais, avec en plus les près de 10.000 Palestiniens injustement détenus en Israël, vaut-elle la peine si nous sommes sur le point de perdre les vies, au bout du compte, de plusieurs centaines de civils innocents ?

Il y a longtemps que le Hezbollah a cessé d‚avoir peur de la puissance et de la brutalité, à l‚échelle régionale, d‚Israël. C‚est nous les simples mortels ˜ ceux d‚entre nous qui préféreraient laisser tomber Israël et espérer qu‚il en fera de même ˜ qui sommes ébranlés à la pensée d‚Israël canonnant impitoyablement notre espace et larguant des bombes là où nous sommes recroquevillés. C‚est nous dont les gorges sont sèches et qui cherchons notre respiration au moindre rugissement au-dessus de nous. C‚est nous simples mortels qui implorons pour la paix ˜ même si ce que nous avons, en temps de „paix‰ n‚est pas la paix idéale. Peut-être bien que nous nous contenterions de juste l‚absence de guerre, parce que même dans une soi-disante „paix‰, nous vivons dans un état d‚intranquillité.

Israël est au-dessus de la loi, et à ce jour n‚a jamais été tenu responsable de sa longue liste d‚atrocités. Israël est aussi le maître des dérapages contrôlés. Il peut envahir, bombarder un pays, le ramenant à l‚âge de pierre, tuer des milliers de personnes et encore paraître être la victime. Nous, dans le monde arabe, avons encore à maîtriser l‚art d‚être suffisamment unis pour raconter notre histoire, avant même de pouvoir dire qu‚elle tourne en notre faveur. Nous sommes comme l‚éléphant dans la porcelaine chinoise.

Nous voyons ce qu‚Israël est en train de faire à Gaza. Après la capture par des combattants palestiniens d‚un soldat israélien, le caporal Gilad Shalit, Israël est allé de sa diatribe. Avec un complet mépris pour le Droit International, plusieurs avions israéliens ont profané l‚espace aérien syrien, pas seulement au-dessus de la frontière, mais au-dessus de la tête du président Bachar El Assad. Il a ensuite procédé à l‚arrestation de 60 dirigeants du Hamas dont beaucoup sont des ministres de l‚Autorité Palestinienne et des membres élus du Parlement palestinien. Il a par ailleurs détruit la seule centrale hydraulique, qui alimente en eau et en électricité la moitié des 1,4 millions d‚habitants de Gaza. Il a ravagé des quartiers entiers de Gaza, bombardé des ponts essentiels, endommagé les canalisations et les réservoirs d‚eau et forcé un millier de personnes à fuir leur domicile. Et dépassant les bornes, il a multiplié les vols aériens de ses F16 made in USA qui percent les tympans, sèment la panique, provoquent des booms supersoniques, empêchant les gens de dormir

En somme, les Palestiniens détiennent un soldat israélien pendant qu‚Israël détient dans ses prisons presque 10.000 Palestiniens dont beaucoup sont des civils détenus illégalement, beaucoup torturés, Israël ayant carte blanche pour faire ce qu‚il a fait et continue de faire aux Palestiniens. Cette parodie de justice n‚est comprise ni par les Palestiniens, ni par le Hezbollah.

Maintenant, c‚est le tour du Liban. Alors que le tourisme repartait, après l‚arrêt provoqué par l‚assassinat de l‚ex Premier Ministre libanais Rafik Hariri en 2005, Israël met fin à nos espoirs ˜ une fois de plus.

Au Liban, soit nous continuons à agir comme une épine dans la botte oppressive d‚Israël, et souffrirons toujours autant des conséquences de ces actions, soit nous essayons de nous centrer sur notre Liban ressuscitant et sur notre place sur la scène internationale. Cette dernière option semble pouvoir épargner plus de vies innocentes mais alors nous existons dans un inquiétant état de calme. La précédente met fin à l‚impasse, mais à quel prix ? Nous ne sommes pas de taille face à Israël, la Vache Sacrée du monde. Elle est au-dessus des lois ; ses actions échappent au radar de la moralité. Et quand le radar de la moralité la détecte, il y a toujours le grand frère d‚Israël, les Etats-Unis, pour venir lui apporter une immorale défense devant les Nations Unies.

La question du Liban doit être résolue avant qu‚elle ne nous emporte tous, y compris les observateurs en costume-cravate qui „pontifient‰ sur le „droit d‚Israël d‚assurer sa propre défense‰, alors qu‚ils alimentent l‚arrogance et la puissance d‚Israël, fournissant la clé qui perpétue la violence et l‚injustice dans la région.

Dans l‚intérim, il semble que le Liban et la Palestine sont destinés à exister perpétuellement dans les limbes du purgatoire et de l‚oubli tandis qu‚Israël continue à se faire les muscles et à les tester sur notre sol.

Rana El-Khatib, auteur palestinienne-libanaise, vivant à Beyrouth. Elle a publié récemment une série poétique sous le titre "Branded - The Poetry of a So-Called Terrorist" (traduite partiellement en français sous le titre "Dix-huit poèmes", Editions La Courte Echelle-Transit 4 rue Barbaroux 13001 Marseille). Son e-mail est : brandedpoetry@yahoo.fr

[1] Pour mémoire, cette Ligne Bleue a été définie par l‚ONU comme frontière entre le Liban et Israël faute d‚un accord entre les deux Etats sur le tracé de leur frontière commune.

Traduction de l’anglais de Gérard Jugant

http://resister.over-blog.com/article-3300172.html


De : Rana El-Khatib
lundi 17 juillet 2006

Le Liban, une nouvelle Palestine; Willy Beauvallet, OUMA.COM

En visite familiale au Liban où réside la famille de mon épouse, j’assiste en direct et avec douleur aux évènements actuels. Alors que le pays compte plus de 120 morts au moment où ces lignes sont écrites, il n’est pas sûr que les européens aient bien pris conscience de l’ampleur des destructions et des meurtres qui sont commis ici depuis plusieurs jours par l’armée israélienne.

Elle fait ainsi payer à l’ensemble des habitants le rapt de deux soldats israéliens que le Hezbollah comptait échanger contre une partie des prisonniers arabes croupissant par milliers dans les prisons de la « seule démocratie du Proche-Orient » et dont aucun président, aucun premier ministre, aucun député, en Europe ou aux Etats-Unis, ne s’est encore préoccupé.

Aucun d’eux ne s’est précipité, tout au long de ces années, pour demander leur « libération immédiate ». Aucun d’eux ne s’est soucié ce faisant, de désamorcer l’un des fondements de cette crise et de rétablir un peu la balance. Faire payer aux libanais ce rapt et le soutien d’une large partie de la population à la « résistance », faire payer aux leaders politiques le fait de n’avoir pas pris le risque, depuis le départ des syriens, d’une nouvelle guerre civile pour désarmer le Hezbollah, leur faire payer l’hésitation qu’ils ont manifesté à accepter de jouer, ce faisant, ce rôle auquel on a tenté de réduire l’autorité palestinienne, celui d’une police intérieure au service des intérêts israéliens ou occidentaux dans la région, ce sont sans doute là les raisons de cette agression sanglante de l’armée israélienne.

Même si elle prend fin rapidement, il faudra des années pour effacer les traces des destructions dont cette armée s’est rendue coupable ces derniers jours. Bien que ces propos ne pèsent pas lourd face à la désinformation qui domine en Europe dès qu’il est question du conflit entre Israël et ses voisins, il faut redire que l’armée israélienne est seule responsable de cette furie destructrice que rien ne justifiait. S’il a enlevé deux soldats, le Hezbollah n’a pas porté atteinte à leur vie et il n’a attaqué les zones civiles israéliennes qu’en réponse aux bombardements aussi massifs qu’incompréhensibles de populations civiles au Liban Sud, dans les banlieues Sud de Beyrouth, à Baalbek et presque partout ailleurs. « Inadmissible » ou pas, cet enlèvement autorisait-il la destruction d’un pays entier ? Oui sans doute, quand on considère que les arabes "ne comprennent que ça" (chercher la filiation...).

Par ailleurs et quoiqu’on vous en dise ici, je vous assure qu’il n’y a aucune commune mesure entre les roquettes tirées par le Hezbollah et les puissantes bombes incendiaires des israéliens qui s’abattent nuit et jour sur les villes, les immeubles (des bombes incendiaires pour plus de « dégâts »), les ponts, les usines. Au demeurant, on n’a toujours pas entendu dire que l’armée de la Honte avait réussi à neutraliser des combattants du Hezbollah. Les civils, apparemment, suffisent. De préférence musulmans et surtout chiites, mais personne ici n’est à l’abri. Pas même le premier ministre.

Comme en Palestine au même moment, les meurtres de civils, hommes, femmes, enfants, les meurtres délibérés de familles entières se multiplient. Ils ont débuté bien avant que les premiers morts ne se comptent en Israël. Parmi les dizaines de morts et les centaines de blessés dont de très nombreux enfants, au moins 3 familles de 7 à 9 personnes ont ainsi été décimées dans le sud du Liban dès les premières heures de l’opération en cours et de nouvelles informations de ce type se succèdent régulièrement sur les TV allumées en permanence.

Dans certaines régions du Sud, les bilans ne sont pas encore connus avec précision, les informations circulant de plus en plus difficilement entre cette région et le reste du pays. Nous savons seulement que l’armée israélienne y a utilisé des bombes au phosphore, que les bombardements sont continus, que les cibles sont indifférenciées et que tout le monde est terrorisé. Dans tout le pays, les destructions des infrastructures civiles sont systématiques. Les routes et autoroutes, les ponts, les aéroports, les ports mais aussi des réserves de carburants, des stations services, des centrales électriques, des barrages électriques, toutes ces infrastructures sont systématiquement pulvérisées ou mis hors d’usage.

Depuis deux jours, ce sont aussi les casernes de pompiers (à Tyr où des habitants s’étaient réfugiés), les casernes militaires (à Tripoli), les usines même alimentaires (l’usine Liban Lait près de Baalbek a été détruite cette nuit) qui sont prises pour cible. La présence sur les routes d’une foule de familles, de touristes et de travailleurs étrangers tentant de fuir le sud vers le nord, ou le Liban lui-même vers la Syrie n’empêche pas ces routes d’être bombardées et de nombreuses personnes y ont laissé leur vie. Après que des tracts largués par l’aviation israélienne aient poussé les habitants d’un village à le fuir en vue d’une prochaine attaque, des habitants se sont dirigés vers les locaux des Nations Unies pour obtenir protection. Après le refus des « soldats de la paix », ces personnes sont parties sur les routes, vers le Nord où le bombardement de leur véhicule a tué 22 personnes et, à nouveau, décimé toute une famille.

En quelques jours, des années de reconstruction physique, politique et psychologique ont volé en éclat. Alors que le pays, d’année en année tentait difficilement de se relever de sa guerre civile, c’est à nouveau l’image du chaos qui envahi l’écran. Le sentiment terrible que toute cette folie destructrice n’aura jamais de fin. Que tout sera encore et toujours à recommencer, à reconstruire pour être à nouveau réduit en pièce par un Etat sans honneur ni dignité, seulement préoccupé de maintenir les sociétés voisines dans un sous-développement qui le rassure sur l’illusion de sa propre supériorité et de sa sécurité.

Après la destruction de la Cisjordanie il y a quelques années, de Gaza aujourd’hui, la puissante armée israélienne sème à nouveau la mort et la destruction au pays du Cèdre, toujours sous le regard des dirigeants européens qui ne semblent craindre qu’une chose : qu’Alain Finkelkraut ne les désigne comme « antisémite » parce que « trop critique envers Israël ». Alors que les autres pays du Moyen-orient semblent sagement attendre que leur tour arrive, les dirigeants français quant à eux abandonnent les libanais. S’ils furent prompts à imposer la fin du protectorat syrien au Liban, ils les laissent aujourd’hui mourir sous les bombes israéliennes.

Que vont devenir les nôtres ? C’est la question angoissante que tous ceux qui ont de la famille ou des amis au Liban se posent maintenant, en priant Dieu d’épargner leur vie et en pleurant tout ce gâchis, toute cette dévastation aussi inutile que cruelle. Les dirigeants israéliens promettent que leur guerre criminelle sera longue. Le Hezbollah promet des ripostes à la hauteur des crimes commis par les militaires israéliens. Les hôpitaux sont pleins, les médicaments manquent, l’Etat, l’armée, les services publics semblent paralysés et commencent déjà à être directement pris pour cibles. Le prix des produits alimentaires a commencé à augmenter.

Certaines denrées essentielles vont bientôt se faire rares. Les ports et les routes étant coupés ou détruits et le blocus toujours actif, l’approvisionnement des villes va très rapidement devenir difficile. L’essence ne va pas tarder à manquer, mais aussi l’électricité puis l’eau potable, ce qui est déjà le cas dans certaines villes. Après le départ des travailleurs saisonniers, les agriculteurs ne trouvent plus d’ouvriers pour cueillir les fruits. Tous les projets de constructions sont arrêtés, les magasins, les restaurants, les rues sont vides. Beaucoup de personnes ont cessé de travailler.

Le chômage risque maintenant d’augmenter très rapidement. La faillite menace les nombreuses personnes qui ont investi ces dernières années dans divers projets commerciaux. La pauvreté grandissant et l’Etat s’affaiblissant, on ne peut que craindre que les processus de replis communautaires et le clientélisme sur lequel ils s’appuient vont s’accentuer. Ce sont l’ensemble des équilibres sociaux, politiques et économiques, déjà instables, qui sont menacés. C’est le chaos qui, plus que jamais, menace aujourd’hui le Liban.

Détruire pour détruire, isoler, diviser, désespérer, semer puis entretenir la haine, appauvrir voir affamer : tandis que les dirigeants américains et britanniques ont fait de l’Irak un nouveau Liban, les dirigeants israéliens font aujourd’hui du Liban une nouvelle Palestine, avec la complicité passive sinon active des dirigeants français et européens.

Il est 22h00, ce 16 juillet. Les murs tremblent. Aux grondements sourds des avions répondent les explosions. Elles ont lieu a quelques kilomètres (Chtura, Baalbek, Saad Nayel, Rayak...), mais le souffle menace de faire exploser les vitres de la maison. Le père de ma femme s’amuse de nos airs effrayés et ne semble pas s’inquièter. Depuis 30 ans, il en a vu d’autres.

On se réfugie dans les coins, loin des vitres, pour mettre notre fils de 9 mois. Hady porte bien son nom. Il semble calme et serein. Avec un air mi-amusé mi-étonné, il regarde les voisins d’en haut, très agités, venus se réfugier ici. Avec sa maman, nous lui chantons des chansons et je le fais rire pour ne pas qu’il s’inquiète. La nuit sera longue, avec deux ou trois alertes de ce type. Sa jeune tante de 12 ans, en êge de comprendre, a peur mais tente de contenir ses larmes. Que Dieu les protége.

Dans quelques jours sans doute, les services français organiseront notre sortie. Nous mettrons notre fils a l’abri. Devrons-nous laisser sa jeune tante seule se réfugier dans les coins de la maison avec ses parents ? "Seulement les européens" m’a rétorqué la personne à l’ambassade.

Quel monde pourri.