08 novembre 2005

« Le syndrome néo-colonialiste » Ou « Les relents d’un passé mal

article tiré de UFCN: http://www.ufcn.info/fichiers/syndrome.htm

Entre un lexique paternaliste, condescendant et un lexique néo-colonialiste, le cœur et le discours de chacun balance.

Et toi, choisis ton camp camarade !

  • Les banlieues s’enflamment, entendez ……………………….............
  • Les minorités, entendez : droits spécifiques…………………………..
  • Les violences ou guérillas urbaines, entendez : ………………….........
  • Les territoires de la république ……………………............................

Les « grands frères » sont appelés à la rescousse, sous entendu : « Vous êtes de la même origine, étrangère, vous « parlez » la même langue (ou le même argot franco-arabe) vous vous comprenez ; matez pour nous vos congénères, que diable !!! ».

Et ainsi, l’histoire et son cortège d’erreurs suivent leur triste marche.

Il y a quelque temps, on disait que le vocabulaire avait changé mais ni les intentions ni les crises.

Aujourd’hui, ni le vocabulaire, ni les intentions ni les crises n’ont changé.

Ainsi s’ajoute, à l’emprisonnement géographique, un emprisonnement lexical qui est loin d’être gratuit et loin d’être sans conséquences.

« Esclave noir », cette précision était-elle indispensable à une époque où tous les esclaves étaient noirs ???

« Jeunes des banlieues, issus de l’immigration », cette précision est-elle nécessaire dans une France dont les fractures se multiplient et s’accentuent ?

Des populations sont-elles en devoir de subir une violence verbale au quotidien en plus de subir de plein fouet une violence économique et identitaire ?

Des populations entières sont en rupture familiale, sociale, économique et encore et toujours on invoque des manipulations, des groupes manipulateurs et des origines obscures à tous ces évènements…

Bien sûr, tout acte de violence est condamnable et à condamner sans réserve, mais est- il utile d’ajouter toute violence d’où qu’elle vienne ?

Est-il aussi utile d’ajouter qu’il va falloir réfléchir sérieusement aux causes réelles de cette colère latente qui saisit toute occasion de s’exprimer ? Occasions qui ne sont pas des moindres, d’ailleurs il s’agit, ne n’oublions pas, de la mort suspecte de deux adolescents.

Aujourd’hui, personne ne s’embarrasse d’euphémismes, cette époque est belle et bien révolue : « sauvageons », « racailles », « karcher », « classes dangereuses » et autres « mots vrais » sont désormais utilisés pour désigner une population meurtrie entre autre par une recrudescence de bavures policières.

J’humilie ton frère, je dévoile ta sœur et ta mère. Je salis la mémoire de ton grand père mort durant la guerre; d’ailleurs, dis lui que depuis le 23 février 2005, on a décrété que sa mort était le symbole positif et bienfaiteur de la présence coloniale.

Autrement dit, qui est à l’origine de toute cette flambée ?

J’en appelle à la vigilance de tous face à l’irrésistible tentation que pourraient avoir certains d’exploiter cette situation et toute cette émotion.

Serons nous toujours condamnés à être récupérés ?

Je veux souhaiter que non, je veux espérer que non, mille fois non !

Non, si nous comprenons que notre combat se déroule non pas dans les rues mais sur la scène politique.

Non, si nous comprenons que la voix de la colère doit laisser place à la voix des urnes.

Non, si nous comprenons qu’en nous isolant on ne fait que limiter en nous ce réseau de solidarité au lieu de l’élargir aux autres membres de la communauté nationale.

Notre combat sera long mais il sera politique. Il s’exprimera à travers les urnes mais il finira par s’exprimer une fois que nous aurons pansé nos plaies et qu’ensemble nous aurons commencé à construire ce « Vivre ensemble » sans lequel aucun projet de société ne pourra être réalisé.

En attendant, vous avez le droit de penser ce que vous voulez de moi mais je vous interdis de me le dire si ce que vous pensez n’est pas ce que dit la République de ce que j’ai le droit d’en exiger.

Le 7 novembre 2005

Faouzia ZEBDI-GHORAB UFCN